Le printemps arabe, formule titre adaptée à l'actualité et aux archives de l'histoire. C'est un événement. Je ne dis rien. C'est un fait. Un Evénement est historique lorsque la somme des particularités crée une réalité qui les dépasse au point d'en transformer la substance.
En ce printemps 2015, nous sommes plus du côté de l'émotion stricte. La Tunisie s'excuse auprès de la CAF, remercie le monde pour son soutien après les attentats du Bardo et se prend la tête à deux mains en se demandant si la vague des annulations vers ses hôtels va cesser.
A la merci. La Tunisie est à la merci de tellement de choses que cela fait peur. Un Etat souverain, n'est-ce pas un Etat qui peut de lui-même tirer les solutions à ses problèmes. J'allais dire un Etat adulte, mais ça n'aurait aucun autre intérêt que la polémique.
Les tunisiens ont beau donner le sentiment de prendre la vie du bon côté, de continuer à fréquenter les cafés, de se faire le plaisir d'une gourmandise à manger en fin d'après-midi dans les rues des villes populaires, j'imagine bien leur inquiétude.
Cette inquiétude qui vient d'un double sentiment de vulnérabilité et d'impuissance. Pas de visibilité sur le terme des ennuis, des soucis et le sentiment confus et gêné que la solution ne se trouve ni à Carthage, ni à Tunis et qu'en même temps la solution plus radicale pourra induire un engagement et des sacrifices qui font peur.
Alors en attendant, on se fait du bien. Du bien en se disant que les séjours touristiques ce n'est pas l'alpha et l'omega de l'activité économique. Et que d'ailleurs les voyages faits par les étrangers pour une intervention de chirurgie esthétique en Tunisie sont la preuve que nous ne sommes pas bons qu'à faire des hôtels moches en bordure de mer.
Oui, on peut se dire tout ça. Et du coup, on peut également réinterpréter le goût des tunisiens pour la fête, l'alcool, les sorties au café.... C'est un moyen de conjurer le stress et peut être même un moyen de conjurer la dépression.
Il n'y a encore pas longtemps, on rappelait qu'1 tunisien sur 2 souffre de troubles mentaux. Voila une statistique digne d'un pays occidentalisé. Et si bientôt à l'instar de la dépression chez nos voisins français, nous sombrons dans la compulsive addiction aux anxiolytiques, nous pourrons vérifier par l'émotion, par la nausée psychologique que nous sommes bien sortis de l'état " monde sous développé".