jeudi 12 mars 2009

Comme une mandarine que je n'aurais pas droit de peler

Comme une mandarine que je n'aurais pas droit de peler, tu habilles cette gare.
Comme un dessin se détache de la fresque, il n'y a rien d'autre à attendre de toi que ta beauté invasive.
Et pourtant..... Pourtant, il y a tes seins qui sont des sphères brûlées, des caramels mats, des dénivellations dont je sens la douceur satinée depuis mon poste de kinésithérapeute lointain.
La peau de ton visage dont je sens la pulpe tendre. De la fraîcheur associative, un grain de papier fin qui caresserait la main plutôt que d'être caressé.
Tes yeux dont un noir maquillage fait vibrer la certitude.

7h45, un train est sur le point d'arriver. Comme presque tous les jours, j'étouffe ce chuchotement sournois qui ressemble au désir. Voilée, tu es voilée et ce voile te transfigure.
Comme la noix s'imagine derrière sa coquille, comme l'histoire s'impatiente derrière la couverture du livre, comme le rêve prépare ses couleurs au sommeil....tu n'es que de n'être un mirage, une tentation, un secret, un éventail, un lin, une frontière à visa.
7h50, un train est arrivé. Un choix de wagons bondés. Un pari. Tu es dans le mien. Comme un jackpot sentimental, un dollar primitif tombé dans mon escarcelle. Mais tu es dans le wagon d'à côté. Cette fois-ci j'étouffe un soulagement, celui de la satisfaction d'une défaite. Comblé par le prétexte de la distance, je n'aurais pas à faire violence à ma vie.
Le train s'enroue, je décide que ton soleil qui carbonise mon profil ne m'est pas destiné.

9 commentaires:

  1. superbe... tous les jours... la timidité tue des milliers de grandes histoires d'amour...
    elle accouche par milliers en actes manqués ;-)

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  2. Histoire de gare, romance de gare, demain un nouveau train, une autre histoire peut-être, furtive donc délicieuse ?

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  3. :), Même si cette belle histoire n'est pas à classer dans la catégorie rose, elle me rappelle que je suis toujours tenté par l'écriture érotique, que j'hésite encore et qu'il me faut sauter le pas.
    Bonne journée :))

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  4. A Andréa : je prends conscience d'un coup avec votre commentaire de l'étrange parenté entre le lieu de la scène ( la gare, les trains) et votre idée de ces histoires qui ne se font pas , et des êtres qui vont dans des directions opposées.
    A Mad : Peut-être oui.
    A Khanouff : Vas y et bon courage. Merci de ton passage.

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  5. Ah mais j'avais pas vu ça !!! :-)
    Pas de hasard possible, c'est mon image du 12 mars qui vous à servi de catalyseur poétique, pour ce très joli texte ! :-)
    Ce qui est un peu intriguant c'est que vous n'y faite aucune référence dans la note ? Alors que le lien me semble plutôt amusant. D'une part, parce que l'image est la plupart du temps mon propre vecteur poétique, d'autre part, parce qu'il est toujours intéressant de voir toutes les variations, déclinaisons et autres extrapolations qui peuvent partir d'une même source d'imaginaire.
    Périodiquement de très jolies plumes de poètes sont venues s'exercer sur mon blog, à partir de mes images, directement à l'intérieur des commentaires. Celle d'Amichel dont je vous donne deux exemples ici, étant l'une des toutes meilleures.
    Dans les coms du premier lien, on trouvera un poème nommé "Hot dog" et dans ceux du second, un texte émouvant sur la question palestinienne.
    http://chatlibre.blog.lemonde.f
    http://chatlibre.blog.lemonde.fr/2009/01/12/palestine-des-generations-dhumiliation-et-de-colere/r/2009/01/22/chercher-a-comprendre/

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  6. Et m.... ! lol. Le premier lien a été coupé en deux ! :-)Le revoici :

    http://chatlibre.blog.lemonde.fr/2009/01/22/chercher-a-comprendre/

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  7. Free cat : en fait, j'ai écrit ce texte depuis un moment pour le diffuser plus tard. Il m'a surtout été inspiré par du personnel...la demoiselle en question ( vous me forcez à me livrer plus avant ) existe bien. Cela étant, je ne doute pas que vos belles images soient des catalyseurs de pensée et de poésie et cet Hot dog d'Amichel est un vrai beau poème. Faudrait-il être un chien pour faire vivre les meilleures valeurs de l'homme?

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  8. Ben alors là, les bras m'en tombent des yeux ! :-)
    Si votre texte n'a aucun rapport avec mon image, c'est encore plus extraordinaire ! Votre texte du 12/03 : "Comme une mandarine que je n'aurais pas droit de peler, tu habilles cette gare."
    Et mon image du même jour : http://chatlibre.blog.lemonde.fr/2009/03/12/la-petite-lady/
    Demoiselle, gare, mandarine, tout y est ! lol

    Et de mon côté cette note est en suspend depuis très longtemps autour de cette chanson que j'étais bien décidé à illustrer ! Alors vous avouerez que la coïncidence est amusante, non ? :-)

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  9. PS :
    Au fait je n'ai rien dit de l'histoire de la demoiselle en question. J'aurais voulu vous y souhaiter une bonne fin, mais je n'ai pas le sentiment que votre émoi fut partagé ?
    Sans doute avons nous tous vécu un jour ou l'autre, ce feu intérieur, sans "retour de flamme". Quelle plus grande injustice y a t-il que celle faite à un coeur amoureux ?
    Petite illustration sur mon blog, avec cette magnifique chanson de "Love and money", que j'ai en partie traduite, dans le texte de la note.
    Bien à vous ! :-)

    http://chatlibre.blog.lemonde.fr/2007/01/01/les-yeux-de-lamour/

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