Une grande terre où autrefois, il y avait tout. Une grande plaine désertée par les hommes qui ont suivi la forêt désespérée.
Une grande dame toute seule.
Elle m'a appelé de la main.
Je me suis approché.
Elle m'a raconté.
Trahie,battue,violée,exilée, appauvrie, elle a porté le lourd fardeau de l'histoire de son époque.
Elle a subi les mensonges historiques qui ont brûlé ses cases, incendié sa maison, tué ses enfants et dispersé les autres.
On lui a pris son or, on a coupé ses verdures.
On a crevé ses tambours, on a brûlé ses écoles.
On a dénigré ses médecines et conspué ses versets.
Elle n'a plus de larmes.
Je la regardai. Je regardai sa beauté naturelle enfouie derrière le voile de poussière qui lui maquillait le visage.
Elle me dit soudain:"J'ai pansé mes blessures! Je suis désormais debout! Je t'attendais ! Regarde!"
Et elle se leva du trou profond d'où brillaient d'innombrables pierres précieuses rescapées du grand vol.
"Chut!, me fit-elle. Je suis Farafina, la reine Africa! Va me chercher les autres! Je reconstruis la maison. Cette fois-ci, personne ne trahira pour nous affaiblir! Nous ouvrons de nouveaux champs et, debout, ensemble, nous vaincrons, ou nous mourrons ensemble! Il est temps de retrouver le grand Saraba*!"
Et je partis à tue-tête crier la grande nouvelle :
"Elle est là! Elle nous emmène à Saraba!"
Babacar Mbaye Ndaak, conteur et auteur sénégalais.
*Saraba est l'eldorado chanté durant les années de souffrance par les Africains du Sénégal comme un retour espéré à un âge d'or mythique.
Source texte Jeune Afrique
Une grande dame toute seule.
Elle m'a appelé de la main.
Je me suis approché.
Elle m'a raconté.
Trahie,battue,violée,exilée, appauvrie, elle a porté le lourd fardeau de l'histoire de son époque.
Elle a subi les mensonges historiques qui ont brûlé ses cases, incendié sa maison, tué ses enfants et dispersé les autres.
On lui a pris son or, on a coupé ses verdures.
On a crevé ses tambours, on a brûlé ses écoles.
On a dénigré ses médecines et conspué ses versets.
Elle n'a plus de larmes.
Je la regardai. Je regardai sa beauté naturelle enfouie derrière le voile de poussière qui lui maquillait le visage.
Elle me dit soudain:"J'ai pansé mes blessures! Je suis désormais debout! Je t'attendais ! Regarde!"
Et elle se leva du trou profond d'où brillaient d'innombrables pierres précieuses rescapées du grand vol.
"Chut!, me fit-elle. Je suis Farafina, la reine Africa! Va me chercher les autres! Je reconstruis la maison. Cette fois-ci, personne ne trahira pour nous affaiblir! Nous ouvrons de nouveaux champs et, debout, ensemble, nous vaincrons, ou nous mourrons ensemble! Il est temps de retrouver le grand Saraba*!"
Et je partis à tue-tête crier la grande nouvelle :
"Elle est là! Elle nous emmène à Saraba!"
Babacar Mbaye Ndaak, conteur et auteur sénégalais.
*Saraba est l'eldorado chanté durant les années de souffrance par les Africains du Sénégal comme un retour espéré à un âge d'or mythique.
Source texte Jeune Afrique
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